Normandy Channel Race, récit du bord des 36 premières heures de course

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Après 36 heures de course sur la Normandy Channel Race, Axel nous livre ses premières impressions à bord du Class40 Project Rescue Ocean, et un récit complet des enjeux de ce début de course ! 

Crédit Photo : Thomas Trapier http://www.alouetteimage.com/

"Plus facile d'écrire ce soir qu'hier à la même heure !

 

On a troqué un contournement de l'île de Wight au portant à enchaîner les empannages pour optimiser la trajectoire en essayant de rester dans les zones de pression tout en étant impactés par le meilleur (ou plutôt le moins pire) vecteur courant possible pour un bord de reaching sous grand gennaker dans l'ouest de la Cornouaille anglaise, direction plein nord et les côtes irlandaises.

 

Comme hier, le plan d'eau est particulièrement lisse et le vent léger, on se déplace à pas de chat sur le pont pour essayer de préserver chaque dixième de nœud de vitesse chèrement acquis à grand coup de régulation des écoutes au centimètre... Comme hier encore, le ciel est dégagé et nous profitons de myriades d'étoiles, dont quelques-unes filantes nous permettant de procéder aux traditionnels vœux qui vont avec. Sans trahir un grand secret, si jamais ceux-ci sont exaucés, nous devrions voir réapparaître les feux de tête de mât des deux camarades nous précédant au classement...

 

Parce qu'entre cette nuit et la précédente, il s'en est passé des choses !

 

Nous sommes entrés dans le Solent en 2nde position avec une vue directe sur le tableau arrière de notre sister-ship Ian Lipinski-Skipper Crédit Mutuel, pour en sortir à peu de choses près dans la même position, sans quelques petits rebondissements au gré des rotations de vent et des contrebords plus ou moins réussis... Antoine CARPENTIER et Roesti Sailing Team sur nos talons accompagnés de Luke Berry Sailing : cette première nuit de combat au corps à corps avait les mêmes résonances que les précédentes échauffourées de nos nombreux entraînements dans les coureaux de Groix avec notre coach Tanguy Le Glatin !

 

Nous finissons le tour de l'île de Wight par le fameux passage des Needles après avoir laissé dans notre Ouest les non moins fameux bancs de sable de Shingles. Après quelques petites minutes d'hésitation probablement liées à notre manque de fraîcheur après une nuit à deux sur le pont, nous laissons partir Crédit Mutuel vers l'Ouest et perdons légèrement le contact. On range les baïonnettes mais la bataille n'est pas terminée, armés de notre grand spi et de notre trinquette nous nous efforçons de revenir sur lui.

La baie de Weymouth permets à chacun de se reposer, nous faisons route sur un "bord obligatoire" (le bord opposé équivaudrait à se mettre une balle dans le pied) en direction de Portland Bill que nous passons accompagnés par le courant. La baie de Lyme qui nous ouvre ensuite ses portes sera plus joueuse, le vent est bien dans l'axe et il va falloir caler des empannages.

Crédit Photo : Thomas Trapier http://www.alouetteimage.com/

Nous rentrons dans la baie dans l'idée de nous protéger du courant qui a renversé, accompagnés de la plupart des belligérants. Lorsque Crédit Mutuel empanne pour ressortir de la baie, nous voyons là une fenêtre de tir : il nous paraît un peu tôt pour s'exposer à nouveau au courant et la rotation à venir du vent sur la droite pourrait être l'opportunité de remettre les compteurs à zéro à hauteur de Startpoint, pointe ouest de la baie dont le nom sonne comme un signe du destin.

Hélas, trois fois hélas, le fond de la baie de Lyme nous punira en nous faisant lutter dans les affres de la molle, zone sans vent où la tension nerveuse de notre armée est inversement proportionnelle à l'énergie dont nous disposons pour nous mouvoir.

Bilan des courses, nous voyons Crédit Mutuel et Redman s'envoler pour continuer le combat en duel quand nous nous retrouvons dans une belle foire d'empoigne avec Banque du Léman, Lamotte et La Manche, revenu par l'extérieur...

Nous sommes les premiers du groupe à déclencher les hostilités en empannant pour rentrer dans la baie de Plymouth, et en profitant d'un bel effet de côte à gauche de l'axe du vent qui en renforce son intensité, on passe la seconde et distançons légèrement nos adversaires directs.

 

Moins gourmands que dans la baie de Lyme dont nous portons encore les traces de la morsure (de tique), nous arrivons à hauteur du Cap Lizard avec une fragile avance sur le petit groupe, qui s'est élargi avec l'apparition du spi bleu de Leclerc, les vétérans du Gruppeto faisant parler la sagesse. Ce n'est pas à eux que nous allons apprendre à faire la grimace !

 

L'approche de Lands End dans une brise évanescente est particulièrement subtile, fini les vitesses à deux chiffres. Le groupe se resserre et nous affalons le grand spi pour passer sous gennaker à portée de tir de Lamotte et Banque du Léman. Nous accélérons avant eux et creusons légèrement l'écart, mais l'élastique que nous tendons nous claque dans les doigts une heure plus tard quand le vent passe de 21 à 3nds en l'espace de quelques minutes. Fred est aux réglages sur le pont tandis que je fais le cuisinier-déménageur à déplacer nos sacs de matériel à l'intérieur du bateau tout en surveillant la cuisson de mes nouilles chinoises.

 

Pour faire le bilan de ce lundi où le soleil se sera levé aux Needles et se sera couché avec des noodles, on est pas mécontents de notre journée..., la frustration de voir nos deux camarades de devant prendre la poudre d'escampette a aiguisé notre appétit, au regard du chemin qu'il reste à parcourir et des pièges à éviter sur notre route, les écarts sont loin d'être insurmontables !

 

J'espère d'ailleurs que vous avez profité de votre lecture, rien n'est moins sûr que demain le temps sera aussi propice à l'écriture !

 

Je retourne me battre avec mes dixièmes de nœuds et mes pourcentages de vitesse cible, comme hier on vient d'avoir la chance de voir apparaître une magnifique lune rousse qui projette ses reflets orangés sur la surface de l'eau, une beauté aussi saisissante qu'insaisissable, comme un cadeau qui nous est réservé, que l'on contemple intensément en se sentant privilégiés."

Crédit Photo : Thomas Trapier http://www.alouetteimage.com/

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