Est-ce parce que j’ai regardé cette semaine la saison 2 de Bref que je me suis rappelé que rien ne vaut une bonne narration ? Ou parce que ça m’a ramené dix piges en arrière, lorsque je vous racontais en long en large et souvent de travers mes premiers pas dans cet univers un peu feutré de la course au large ? En tous cas, une chose est sûre, même si je suis encore loin de faire partie du sérail, j’ai toujours envie de vous raconter depuis l’intérieur à quoi ça ressemble d’essayer de vivre (de) sa passion. Et comme il paraît qu’il y a encore quelques personnes qui savent lire, et que je vis actuellement une nouvelle étape inédite et plutôt sympa en tant que co-skipper d’un Class40 flambant neuf, j’ai deux-trois trucs à vous raconter…

Un bateau beaucoup trop blanc sous un ciel beaucoup trop bleu

Il y a quelques semaines, j’ai donc eu la chance de vivre une nouvelle mise à l’eau de bateau. Certes, ce n’est pas exactement la même excitation que lors des précédents, puisqu’en fait ce n’est justement pas mon bateau mais celui de Corentin Douguet. Reste quand même que je vais naviguer sur ce Class40 fraîchement démoulé toute l’année, et le voir dans l’eau est donc forcément une grande satisfaction. 

Passée la petite sauterie pour célébrer cette étape-clé (je vous rassure, on prévoira un baptême en bonne et due forme un peu plus tard), on entre dans le vif du sujet, et sûrement la raison pour laquelle vous êtes en train de lire ces lignes…  les premières sorties. 
Sur ce côté-là, et ce n’est pas toujours gagné pendant l’hiver breton, on a été plutôt vernis, puisqu’on a eu pile un créneau sans vent au bon moment, et un renforcement progressif jusqu’à 15 nœuds - idéal pour tester tous les systèmes et commencer à gentiment tirer, sans jouer les têtes brûlées !

Premières sensations

Les premières sensations, c’est comme les premières impressions, on ne les vit qu’une fois, et bien souvent ça ne trompe pas. Alors forcément, c’est un curieux mélange d’excitation et d’appréhension, tout en essayant de se rappeler que le bateau n’est encore qu’un vaste chantier…  Car c’est ce qui est toujours aussi difficile à expliquer de l’extérieur : la quantité de travail qu’il reste à engager quand on met tout juste un bateau à l’eau. Et le nombre d’erreurs qu’on peut encore commettre en chemin ! On peut avoir le meilleur bateau qui franchit la porte du chantier, s’il est préparé avec les pieds, on risque de plus fréquenter le quai que les lignes d’arrivée…

Alors que dire de ces premiers bords ? Qu’ils ont été bons, surtout que, comme souvent, ils ont été tirés avec toutes les personnes qui ont œuvré à la conception et la construction de ce bateau, et que du coup ça rend l’expérience aussi très sympa humainement. Pour ce qui est des sensations pures, on n’a pas constaté de bug majeur, et globalement l’équipage était plutôt très souriant, malgré la belle « job-list » une fois arrivés au quai ! … Dans l’intense guéguerre psychologique qui s’amorce avec mes concurrents de l’année, je sais que chaque adverbe peut être vite interprété, donc je n’en dirais pas beaucoup plus aujourd’hui !  

Sourires feints ou sincères de ce cher Lionel du cabinet d'architectes Lombard ? Mystère...

La journée des cent padeyes 

Après ces trois jours de navigation, on a donc enchaîné avec un nouveau bloc de bricolage pour compléter ou poursuivre le travail engagé, avec notamment tout l’équipement qui n’était pas arrivé dans les temps et qu’il fallait ajouter à bord. Pour l’anecdote, il y a par exemple eu un beau mercredi à thématique padeyes textiles pour ma part, avec une centaine de collées en une journée pour installer les toiles de matossage. 

Parce qu’au final, les enjeux sont un peu les mêmes que lorsqu’on s’installe dans un nouveau logement, qui plus est en colocation… Avec Corentin, on essaie donc d’anticiper au maximum nos besoins : comment on va dormir, comment on va manger, car de ces choix découle toute l’ergonomie du bord. Et évidemment, on n’est pas dans un immeuble haussmannien, mais nous aussi on évite les trous inutiles, ou pire : les poids superflus !

Une fois ces travaux lancés, on a pu enchaîner sur une nouvelle semaine de navigation, en quittant Lorient pour rejoindre Port-la-Forêt, nouveau port d’attache du bateau. C’est toujours bon signe, car ça veut dire qu’on se sent capables de s’éloigner de la matrice !
Ce sera donc notre nouveau camp de base, et même si ça implique un peu de logistique personnelle avec davantage de déplacements, c’est sympa de découvrir comme ça un lieu emblématique de la course au large. Pour l’instant, on est un peu seuls au ponton, parce que la plupart des Class40 sont encore en chantier d’hiver, mais les entraînements devraient commencer d’ici un mois… 

On découvre son caractère et on essaie de faire accepter le nôtre !

Et ça tombe bien parce que ça nous laisse justement quelques semaines pour essayer d’être à un niveau de préparation qui nous permette de suivre le rythme pendant ces sessions ; et commencer à jouer avec les petits copains de manière efficace ! L’idée est donc d’ici là de naviguer au maximum pour récolter des données, calibrer les capteurs et commencer à découvrir les bons modes de fonctionnement du bateau… On a nos sensations bien sûr, mais c’est quand même intéressant de pouvoir se baser sur des chiffres pour pouvoir trancher quand on a des petits doutes et questions sur les meilleurs compromis ! C’est un travail au long cours bien sûr, mais plus tôt on est opérationnels, plus tôt on aura des données, et plus vite on sera en mesure de les traiter et surtout de les exploiter... 

Et en dehors de l’aspect « data », il y a tout le reste bien sûr. Apprendre à connaître les sons de ce nouveau bateau, son comportement quand on le barre, quand il est sous pilote, trouver la confiance dans la machine pour se placer dans un mode performance au plus vite. En somme, établir la confiance, comme un cavalier qui changerait de cheval… On apprivoise, on découvre son caractère et on essaie de faire accepter le nôtre !

Après quatre ans avec le 162 – ma plus longue relation nautique, que d’émotions, je vous parle d'ailleurs vite de son avenir proche qui est en cours d’élaboration -  je retrouve un peu les premiers émois, c’est toujours marrant ! Par contre c’est très facile d’y passer un temps dingue, justement parce que c’est passionnant. Et c’est là que l’expérience de Corentin m’est déjà précieuse, parce qu’il a une discipline que je n’ai pas encore suffisamment en termes de planning ! On a donc déjà pu commencer à élaborer un agenda équilibré pour ne pas négliger les autres pans qui font la réussite d’un projet, et notamment l’aspect entrepreneurial, mais ce sera l’objet d’un autre texte si ça vous intéresse… A très vite ! 

 

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