Journal de bord du Class40 Project Rescue Ocean, épisode 7 : infinies finitions !

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Après avoir fini le composite avec l’assemblage de la boîte coque-pont et la construction des appendices, nous avons sur le feu un nouveau gros morceau : les fameuses « finitions », qui précèdent l’équipement du bateau.

En quoi consiste cette phase ? Tout simplement à mettre le bateau dans ses couleurs définitives. Je sais qu’à force de la regarder, on finit par s’habituer à cette magnifique couleur jaune pâle de la mousse Corecell, mais non, le 162 a bien fini par se parer d'autres couleurs, nettement plus proches de son milieu naturel. Pour parvenir à ce résultat, il a d'abord fallu bien distinguer les éléments qui vont être immergés qu’on appelle œuvres vives - schématiquement le dessous de la coque et à une partie des flancs du bateau.

Dédicace à Tony l'enduit ! 

Pour ces surfaces, on va commencer par appliquer un enduit, constitué de résine époxy chargée avec une poudre spécifique qui permet te faciliter le ponçage tout en bouchant au mieux tous les petits creux qui pourraient avoir été révélés au moment du démoulage. Car c'est en effet notre dernière chance pour obtenir une coque parfaitement lisse ! On ne va pas se mentir, c’est un moment particulièrement fastidieux, dans la mesure où, dans chaque creux ainsi repéré, on va mettre de l’enduit en excès pour être sûr de bien garnir la zone. Ensuite, on attend le durcissement complet avant de venir poncer cette bosse pour obtenir un résultat parfaitement lisse. Mais vous l’aurez compris, si on ponce trop, on crée à nouveau un creux, et c’est un peu le mythe de Sisyphe version papier abrasif et biceps qui chauffent… Autant dire qu’il faut s’appliquer autant sur l’application de l’enduit que sur son ponçage !

J’en profite ici pour faire une petite dédicace à Tony de chez JPS, alias « Tony l’enduit », qui a un une dextérité impressionnante sur cette phase, voire un poignet légendaire qui ferait rêver nombre de carrossiers.

Une fois que les formes nous conviennent, l’ensemble des éléments vont être apprêtés. En quoi ça consiste ? Cela ressemble à une peinture, dont la caractéristique principale est d’accrocher particulièrement bien sur le composite, et d'être elle-même un excellent support ensuite pour la couche finale, que ce soit de la peinture, ou du sticker pour la décoration. L’apprêt est vraiment le garant de la bonne tenue dans le temps des couleurs finales du bateau, donc c’est une étape indispensable, même quand le temps semble s’accélérer en fin de chantier.

Cet apprêt, on l’applique au pistolet, on le laisse durcir, et… on reponce le tout ! Cette fois avec un grain plus fin, pour que les moindres petites rayures soient imperceptibles. Patience est devenu mon deuxième prénom. 

Antifouling Uship

Une fois que le bateau dans son ensemble est apprêté, on s’attaque aux couleurs finales. Sur les œuvres vives – les parties immergées, rappelez-vous – on a décidé de mettre de l’antifouling Uship sur le 162 (certains choisissent d’autres solutions comme un vernis anti salissures). Pourquoi ce choix ? Cela permet de préserver relativement bien le bateau de tous les bio organismes marins sans avoir à  caréner tous les jours (ce qui est une tâche pas forcément agréable quand l’eau avoisine les 10 degrés bretons). L’antifouling est appliqué sur le dessous de la coque, jusqu’au bouchain de la carène, qui est un peu au-dessus de l’eau mais qui se retrouve immergé dès que le bateau gîte. 

 

 

Passion stickers

Quand on remonte le long de la coque, on trouve ensuite les bordées, qui sont les parties verticales sur les côtés du bateau. Celles-ci portent aux couleurs de nos partenaires, à savoir l’association Project Rescue Ocean, avec qui je travaille depuis plus de deux ans et dont j’ai créé l’antenne bretonne début 2020, ainsi que les logos d’Intech et CAPZA qui nous soutiennent dans cette aventure pour partir à la conquête de la Route du Rhum ! Nous avons évidemment pris soin de laisser de la place sur ces bordées, car nous espérons encore trouver d’autres entreprises qui auront envie d’embarquer à nos côtés !

Sur cette partie mais plus à l’avant, on trouve également le numéro 162, qui est l’identification du bateau qu’il portera tout au long de sa vie (que j’espère évidemment la plus longue possible !). Ce chiffre permet aussi de dater le Class40, puisque ce numéro est attribué par la Class40 dans l’ordre chronologique de mise à l’eau. Toute cette partie a été réalisée en sticker, par l’entreprise lorientaire Décosail, tenue de main de maître par l’ancien président de la Classe Mini, Sébastien Pebellier, que je remercie pour son travail efficace en pleine période des fêtes de fin d’année !

           

Merci SamClickClack pour le photos de cette étape, jamais publiées pour cause de design surprise ! 

"Givre" ou "brume" ?

Si on continue notre remontada du bateau, on arrive ensuite sur le pont et les différentes œuvres mortes – non immergées donc, je vois qu’il y en a qui suivent – comme le roof ou le cockpit. Nous avons choisi de garder le pont en blanc dans un souci thermique, puisque le bateau est amené à rester souvent en plein soleil. Cela permet d’éviter de se brûler les pieds quand on marche dessus, et en termes mécaniques, le fait que ces parties ne chauffent pas trop fort permet de garantir un bon vieillissement des éléments composites qui constituent le pont.

Le blanc a malheureusement un inconvénient, c’est qu’il est très éblouissant. On préférera donc un blanc légèrement cassé qu’un blanc pur – et ceux qui ont passé des heures en magasin de bricolage à comparer la couleur « givre » et la couleur « brume » comprendront ma douleur devant la palette pantone…

Heureusement, pour toutes ces étapes concernant la décoration du bateau, j’ai eu le renfort très précieux du talentueux graphiste Axel Traverso, à la tête d’une super agence de communication avec sa compagne Charlotte. C’est grâce à eux que le 162 a ce design qui me plaît beaucoup, et qui n’en finit pas de faire parler – baleines ? poissons ? requins ? morues ? Je peux vous dire que c’est un sacré test de Rorschach ! J’en profite aussi pour remercier Maéva Rincé qui m’a bien sauvé la mise à cette étape également !

 

Sur l’apprêt du pont, on a donc appliqué une peinture polyuréthane blanc cassé, particulièrement étanche et qui permet une bonne protection des surfaces composites. Sur l’avant du bateau, on prend soin aussi de réaliser un carré de couleur rouge, dans lequel est à nouveau inscrit le numéro du bateau. Cette étape répond à une règle commune à tous les bateaux de course au large et primordiale pour la sécurité des marins, puisque cette surface de couleur vive pourra éventuellement permettre un jour de repérer le bateau depuis un avion ou un hélicoptère dans une situation d’urgence. On imagine souvent que la mer est uniformément bleue vue du ciel, mais lors d’une tempête, l’écume est très présente et rend la surface très blanche et un pont de bateau difficilement repérable.

On passe ensuite à une phase assez peu perceptible à l’œil nu mais cruciale pour le marin : l’antidérapant. Comme le dit très justement le légendaire Denis Hugues, directeur de la Mini-Transat depuis des temps immémoriaux, « la meilleure façon de faire du bateau, c’est de rester à bord ». CQFD on évite donc la patinoire et on applique sur toutes les zones où on va évoluer un vernis polyuréthane transparent dans lequel on incorpore des minuscules billes qui vont adhérer sur le pont au moment de l’application et garantir une bonne accroche à toute chaussure qui s’aventurera à bord !

Toutes ces étapes ont été réalisées au pistolet, et ont donc évidemment impliquées au préalable de longs moments de masquage méticuleux pour bien délimiter les zones à recouvrir ! Ca parait anecdotique, mais à l’échelle d’un bateau de 12 mètres 20 truffé de recoins, je peux vous assurer que ça ne l’est pas !

Intérieur brut

Vous croyez en avoir fini ? Que nenni, on passe ensuite à l’intérieur du bateau ! Rassurez-vous, cela va être un peu plus rapide puisqu’on va de ce côté rester « brut ». Dans les faits, on pourrait choisir de peindre en blanc l’intérieur, mais ce ne serait qu’ajouter du poids parfaitement inutile (sinon pour l’esthétique). Les bateaux en fibre de verre ont en effet l’avantage d’être bien plus clairs que les bateaux en carbone qui restent d'un noir profond. Nul besoin donc d’ajouter des touches de lumière pour éclaircir les zones de vie !

Néanmoins, pour protéger les stratifications et pour faciliter l’entretien, on va venir appliquer un vernis. Rappelez-vous, la dernière étape de la stratification consistait à retirer le tissu d’arrachage, qu’on appelle communément le « déla » pour « délaminage ». Or une fois enlevé, ce tissu laisse un état de surface certes lisse, mais relativement grossier, avec un grain assez irrégulier. Autant vous dire que si de l’eau s’infiltre dans le bateau (oui, ça arrive parfois... toutes les dix-quinze minutes environ !!) et que vous souhaitez éponger, je ne donne pas cher de votre instrument de travail ! Donc on va venir vernir le tout. Mais bien sûr, qui dit vernis dit qu’au préalable… on reponce légèrement tout l’intérieur du bateau pour le déglacer jusque dans le moindre recoin ! Contorsions garanties pour le plus grand plaisir des troupes à l’œuvre évidemment… Là encore, on charge le vernis en billes antidérapantes pour certains endroits afin d’éviter l’effet bobsleigh dans la chambre à coucher !

Pour résumer, c’est donc une étape jouissive car le bateau prend enfin ses couleurs définitives, mais qui oblige à beaucoup de ponçage laborieux. Ce n’est donc pas rare à cette étape de m'avoir croisé avec un large sourire sur le visage mais les mains tremblantes et les bras bien tétanisés en fin de journée !

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