Mon projet Route du Rhum a vu le jour sur les pontons du Marin, en Martinique, en novembre 2019. Quelques minutes après avoir franchi la ligne d'arrivée de ma troisième Mini sur une belle deuxième place, on m'a tendu un téléphone. Au bout du fil, deux de mes partenaires enthousiastes, qui me disaient plein de gentils mots, dont ceux-là que j'ai surtout retenu : "On ne peut pas s'arrêter là".
Alors non, on ne s'est pas arrêtés là. On a cogité, proposé, lancé. On a douté aussi, quand le Covid s'est propagé et que tout a été mis en pause. Il y a d'abord eu les mois seuls au chantier, à construire cet improbable squelette de mousse et de fibre de verre, puis le travail mené avec cette équipe de dingue chez JPS production, et tous les artisans qui ont œuvré en coulisses.
Il y a eu les heures devant l'ordinateur à fomenter des budgets, des briefs, des teasers et autres anglicisimes qui me dépassaient un peu jusque là. Les premiers rendez-vous à Paris, les visios, les chemises qu'on défroisse en dernière minute et les voix qui tremblent un peu. L'euphorie des succès, la déception des échecs. Et puis, enfin, un bateau à l'eau. Mon bateau à l'eau.
Les premiers bord, les premiers entraînements, la première course victorieuse, les milliers d'heures de vol avec mon coskipper Frédéric Denis et tous ceux qui sont venus m'apporter leur expérience...
Il y a eu les découvertes. Constituer une équipe, partager l'aventure avec les partenaires, devenir skipper professionnel. Les coups durs, les imprévus, les mâts qui tombent, les sacrifices. Il y a tout ce que, si c'était à refaire, je ferais peut-être différemment. Et puis finalement non, parce qu'il faut bien apprendre. Il y a toute l'énergie que j'ai trouvé à y mettre, toutes les ressources de mon entourage et de ceux qui sont devenus mes piliers.
Cette Route du Rhum 2022, j'y pense chaque jour depuis trois ans, et sûrement un peu avant aussi... Je ne sais pas encore quel saveur aura mon premier ti-punch à l'arrivée, mais je sais qu'elle aura toujours le goût d'une première fois. Pour être sur cette ligne de départ, j'ai mis toutes mes tripes et bien plus encore. Alors j'ai bien l'intention d'en faire autant sur cette course qui s'annonce dingue.
J'espère sincèrement que vous aurez autant de plaisir à suivre ça sur la cartographie que j'en ai eu à chaque étape de ce projet. Rendez-vous demain, 14 h 15. Merci à Project Rescue Ocean, Intech, CAPZA, Westlake Plastics, Uship Accastillage et EFESO Consulting.
Merci aussi à B&G Helly Hansen All purpose Denran et Forward WIP. Sans eux, pas de projet.
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