La course au large, c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber.... Sur ce coup-là, on a un peu l’impression d’avoir pioché celui à la liqueur de pruneau (sans offense aux amateurs dudit pruneau) qui reste toujours intact au fond de la boîte ! C’est peu dire que cette Transat Jacques Vabre nous a surpris, et qu’elle rentre probablement dans l’histoire comme la traversée la moins ventée jamais réalisée.
Forcément, on ne va pas se mentir, la déception est immense et c’est dur d’avoir le sourire aujourd’hui. Nous prenons un bon départ jusqu’à ce que nous nous trouvions bloqués dans une zone sans vent. Nous avons ensuite eu cette avarie de safran qui nous a coûté cher au classement, mais nous avons réussi à revenir dans le match rapidement. Je retiens donc quand même du positif !
Malheureusement, après le Cap Vert, l’équation était complètement différente, car le vent n’est jamais venu. Les conditions que nous avons rencontrées jusqu’à la Martinique étaient précisément les conditions que nous avions identifiées comme le point compliqué pour le bateau. Je pense qu’il y a un moment où nous avons décidé de ne plus jouer au même jeu. Avec Fred, notre philosophie était claire : quitte à ne pas être sur le podium, autant tenter des choses, car finir à la 6e place ou à la 12e, c’était pareil pour nous. Nous avons voulu essayer des trajectoires un peu radicalement différentes pour compenser ce déficit de vitesse, mais nous n’avons fait qu’accentuer le retard. C’est une bonne leçon.
Le corps a franchement souffert sur cette traversée !
Psychologiquement et sportivement, c’est évidemment un moment difficile pour les compétiteurs que nous sommes, mais ça permet aussi de remettre les pendules à l’heure. Heureusement, l’histoire ne s’arrête pas là. C’est frustrant pour l’association Project Rescue Ocean et mes partenaires dont j’aurais aimé faire résonner le nom un peu plus fort, mais on revient avec en tête de nombreux axes de travail, et une envie décuplée de montrer le potentiel de ce bateau. L’année prochaine il y a la Route du Rhum ! Nous allons retourner sur l'eau le plus tôt possible, dès janvier, pour travailler sans relâche et vous donner rendez-vous dans un an. Nous sommes privilégiés de pouvoir vivre des moments aussi dingues, et nous avons à coeur de partager ces émotions avec les incroyables partenaires qui nous aident à construire cette aventure, Intech, CAPZA, Westlake Plastics, mais aussi Efeso consulting, Uship accastillage, et Nautipark.
Le plus beau des cadres et un peu de wing pour se remettre de ses émotions... / Crédit photo : Anne Beaugé
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